24 février : La Havane, la seule l'unique...
Seulement deux jours à la Havane et on a déjà tellement de choses à raconter ! C'est un pays tellement différent de tous les autres qu'on a parcouru. L'adaptation après 3 jours ici n'est surement pas encore complète. Nous sommes donc partis très tôt de Bogotá en laissant notre petite mamie avec regret (qui nous attend dans deux semaines !) et en oubliant aussi de lui rendre la clé de la chambre alors qu'elle avait bien insisté la veille à ce sujet... Cela nous a valu un pourboire au taxi qui ne s'est pas gêné pour nous dire quelle somme il voulait pour la ramener cette fameuse clé. On arrive en 10 min à l'aéroport, un record car normalement c'est 30. Après une attente de quelques heures, nous partons pour Cuba ! On la tellement attendu qu'on a vraiment hâte d'y être même si la Colombie va nous manquer.
Notre vol est plutôt à l'heure et on arrive même 1h plus tôt que prévu. On se rend à la douane d'immigration et on se dit que la douane cubaine doit être assez stricte. Nous avons tout ce qu'il faut : Carte de tourisme, assurance maladie en espagnol, et pourtant on est un peu stressés. D'autant plus qu'on vient de Colombie et qu'on a beaucoup de souvenirs de là-bas. Finalement dans la file d'attente, un homme pas très commode nous remarque et nous pose les questions qu'on devrait nous poser au guichet. Il essaie de savoir pourquoi nous venons, quels boulots on exerce... Finalement nous passons tranquillement la douane, nous donnons notre papier rempli dans l'avion qui atteste que nous n'avons ni diarrhé, ni rhume (Alicia qui a les deux préfère ne pas prendre le risque de le déclarer sous peine d'être mise en quarantaine...) et tout un tas d'autres questions qui servent aux infirmières présentes à un petit bureau derrière la douane. Pour les sacs c'est la même chose, pas de fouille et nous sortons rapidement. Il faut juste changer un peu d'argent et malheureusement nous n'avons pas d'euros alors qu'ils nous aurait été très utile. Le dollar n'est pas vraiment apprécié ici (comme tout ce qui est "américain") donc le change n'est pas très favorable. On retire juste ce qu'il faut et on part en taxi. Une dame à l'aéroport qui nous avait conseillé une "casa particular" (pour dormir chez l'habitant) nous accompagne au taxi.
Première embrouille (moins de 30 min que nous sommes là), le taxi froisse le papier avant de le mettre dans sa poche quand on est dans la voiture et donne une autre adresse à notre chauffeur. Lilian qui a tout vu fait mine de lui redemander le papier pour connaître le nom de l'hôtel. Du coup ils sont bien embêtés et finissent par récupérer le papier tout froissé... Donc c'est sûr cette fois nous allons dans la bonne direction !
L'aéroport étant à 25 km de la ville nous avons le temps de rouler et déjà on aperçoit ce qu'on attendait, les voitures cubaines ! Que de vieilles voitures retapées à l'infini qui nous confirment que nous sommes bien arrivés à Cuba. Au milieu de ces vieilles voitures américaines typiquement cubaines, on aperçoit aussi quelques voitures qu'on connaît bien comme des Renault et des Peugeot.
La Havane est une grande ville qui se compose de 3 quartiers principaux : Vedado le quartier résidentiel, centro Habana où nous dormons où on découvre le mieux la vie du "peuple" cubain et Habana viejo le quartier touristique.
Nous avons été conduit chez Nuria, et déjà le changement est radical. Nous sommes accueillis par toute la famille comme si on était attendus et tout le monde nous fait la bise. Fait très inhabituel en voyage. Comme elle n'avait plus de chambre, nous avons été envoyés en face chez Daicy, une femme au grand coeur et toujours souriante qui nous loue donc une de ses chambres. À Cuba mieux vaut parler un minimum d'espagnol car chacun vous parle comme si vous compreniez tout ! Heureusement nous sommes entraînés depuis quelques mois. À peine débarrassés de nos affaires, nous partons, impatients à la découverte de cette ville. Juste devant la porte, on assiste à une partie de dominos mouvementée des anciens qui jouent au bord de la route. Cela vaut bien une photo mais on n'ose pas. On parcourt donc cette route qui nous mène à Habana viejo et on découvre la vie cubaine. Les vieilles voitures, les vélos-taxis, les gens qui crient, qui rient, nous sommes directement dans le bain. Une chose est sûre, ce pays est complètement différent de tous ceux qu'on a visité auparavant. Il y a beaucoup de choses à comprendre et en quelques jours à force de poser des questions, nous avons eu quelques réponses.
Tout d'abord la monnaie. Il y a deux monnaies à Cuba : le CUC qui est la monnaie pour touristes et le Peso cubano qui sert aux habitants. 1 CUC, c'est un dollar et c'est aussi 25 pesos cubano.
Sachant que les habitants gagnent en moyenne 20 Cuc par mois et que dans certaines boutiques les prix sont en CUC, à 1 CUC la bouteille d'eau, on ne comprenait pas comment certains pouvaient en acheter.
Le problème pour nous aussi, c'est de savoir ce qui est en CUC et ce qui est en peso. Car quand on voit une glace à 1$ dans la rue touristique et des enfants cubains en manger, nous sommes perdus... Finalement c'est une question d'adaptation. Les "épiceries" sont en CUC, donc peu de gens peuvent y aller. Les restaurants aussi sont en CUC mais certains en peso comme les petits stands de rue (quand on voit une pizza à 20$ on se dit que c'est surement des pesos !). Le problème c'est que nous n'avions pas de peso. Il a donc fallu changer un peu d'argent pour se procurer la monnaie du pays. Pour les fruits, les pizzas dans la rue, les bus urbains autorisés aux étrangers, et les glaces tout ça se paye en pesos cubanos.
Mais tout ce qui concerne le tourisme, on paye en CUC et c'est donc devenu un jeu de se débrouiller pour payer en pesos.
Cette monnaie qui différe tellement, a transformé ce pays en une autre dimension pour nous. Tout est inversé. Comme les restaurants "d'État" très classes où les prix sont plus bas qu'un restaurant de famille ou "paladar". Si vous vous retrouvez en bord de plage à Cuba où il n'y a qu'un seul bar pour manger, et bien la nourriture sera bon marché !
Quel paradoxe que ce pays où le Che et sa révolution pour libérer Cuba sont mis en avant partout, alors qu'ils vivent opprimés à l'heure qu'il est. Nous savons désormais qu'un Cubain ne peut pas avoir Internet (la faute aux Américains), seulement un courrier électronique avec une connexion qui dure des heures... On en a fait l'expérience quand on a voulu prévenir la famille de notre arrivée. On se croirait revenu dans les années 90 au début d'Internet. Ils ne peuvent pas non plus sortir du pays sans une invitation d'un étranger ou une raison professionnelle. Chacune des personnes à qui l'on parle est bien consciente de la situation mais que peuvent-ils faire ? Attendre que ça change c'est tout.
La Havane c'est aussi l'occasion de rencontrer nos premiers "jineteros" ou rabatteurs qui commencent par nous parler pour ensuite essayer de nous vendre quelque chose. Jamais sans aucune animosité quand on comprend et qu'on répond non merci. Cela nous a même valu des rencontres assez particulières comme le danseur de rue et son ami rappeur dans la rue touristique. Ils en sont même venus à improviser un beat box-rap avec nos noms ! L'un est complètement surexcité, en sueur et le rappeur nous sort un "wou wou assassin de la police, wou wou nique la police" qui restera dans les annales.
Des gens tellement accueillants rencontrés en une après-midi seulement. Nous finirons la soirée avec un plat de fruits de mer sur un balcon, au son de la musique live cubaine et un mojito offert, le premier. Une journée qui ne nous a pas déçu car il y a tout ce que l'on s'attendait à voir à Cuba.
Le deuxième jour nous avons continué notre découverte de cette belle ville de la Havane, ses maisons colorées qui ont vécu, ses voitures, le malecon (bord de mer) et Vedado. En allant au terminal de bus, on a le droit à tout un scénario très élaboré d'un homme qui veut nous faire croire qu'il est professeur, que sa femme va accoucher dans quelques heures et nous offre des livres inutiles avant de nous demander de l'argent pour sa ventoline car blablabla... Le mensonge était tellement huilé qu'on aurait pu lui donner de l'argent juste pour ça ! Voyant qu'on ne marchait pas du tout, il s'est énervé et nous a tout repris des mains !
Arrivés au terminal, nous avons la confirmation que les bus locaux à destination d'autres villes, c'est impossible pour nous. Les touristes ont une compagnie, et doivent s'en servir. En sortant du terminal, un taxi nous interpelle et nous propose de nous emmener, pour le même prix que notre bus touristique. Il vient nous chercher et nous amène à une adresse indiquée, cela nous arrange et on décide après hésitation de dire oui.
En effet pour lui, les 40 CUC que nous coûtaient le bus qui vont dans sa poche, c'est énorme. Nous pensons d'ailleurs utiliser ce système autant que possible.
Nous reportons notre sortie nocturne à la Havane pour la fin de Cuba et le lendemain nous partons pour Cienfuegos, ville à l'architecture d'inspiration française....
25 février : Cienfuegos, son malecon, sa tranquillité, sa musique...
Nous arrivons en taxi jusqu'à Cienfuegos à la Casa de Dianelis, une femme très sympathique et au visage assez européen (sa famille est espagnole et française c'est normal). Il fait très chaud à Cienfuegos mais nous n'avons qu'une envie, partir à la découverte de ses rues. La ville n'est pas grande ce qui nous permet de vite trouver la rue commerçante et tous les touristes qui vont avec. Heureusement pas énormément. Les maisons comme à la Havane sont colorées mais l'architecture est d'inspiration française. On ne voit pas trop la ressemblance avec chez nous mais pour ce qu'on y connaît à l'architecture... Ici la plupart des gens sont dehors, jour et nuit et les rues sont très tranquilles comparées à la Havane. Mais comme c'est Cuba, nous n'avons toujours rien à craindre, même la nuit.
En se promenant le premier jour, on prend quelques photos en se rendant dans le centre où on trouve enfin un endroit internet. On va pouvoir prévenir la famille que nous sommes bien vivants ! Pendant qu'Alicia écrit un mail, un jeune homme venu pour internet demande à Lilian de lui prêter un stylo. Nous ne le reverrons jamais notre précieux stylo... En fait en le recroisant près du port, nous avons compris que ce jeune garçon demandait un stylo "en cadeau" (pour le collège), comme c'est souvent le cas ici. Des Cubains ont pris l'habitude de demander savon, stylos, vêtements aux touristes qu'ils croisent. Nous n'avions pas compris ça mais c'est avec plaisir qu'on lui donne notre stylo. Il nous en reste un, à ne surtout pas perdre pour écrire nos dernières cartes ! Mais cette pratique n'étant pas à encourager, et n'ayant rien à offrir, on s'abstiendra d'offrir d'autres choses aux autres. Le mieux (conseillé dans notre guide) est de donner ces cadeaux directement aux écoles ou établissements concernés. Nous partons donc du port où l'odeur et la couleur de l'eau laissent à désirer et nous marchons jusqu'à Punta Gorda le long du Malecon (bord de mer). La balade est agréable et l'on croise certains établissements plutôt luxueux. En arrivant à Punta Gorda on découvre un palais d'inspiration surement nord-africaine qui brille au coucher du soleil. Le temps de se poser un peu au bord d'une plage qui n'en est pas vraiment une et l'on repart dans la direction opposée. La musique commence à se faire entendre et nous avons été vite attirés par des percussions venant d'un endroit caché. Nous avons bien fait de suivre notre instinct car c'est un groupe de Cubains jouant pour des Cubains, avec une énergie débordante qui nous donne envie de danser. Quand on les voit faire, on s'abstient et on reste à les regarder. Voilà ce qu'on recherche ici, des moments Cubains ! Lilian qui voulait en profiter pour boire une bière se rend compte que ce n'est pas cher mais qu'il lui faut un verre ! Quelques Cubains se sont même trouvé des pots de glace en guise de verre. On repart sur le Malecon où l'ambiance est tout aussi festive. On se dit qu'il serait bien de revenir cette nuit. Mais finalement nous avons été tenté par un spectacle qui se donnait pas loin de chez nous. C'est un spectacle de cabaret qui a l'air complètement kitsh mais on se dit que c'est une expérience qu'il ne faudrait pas rater à 1,5 euro le spectacle. Nous voilà de retour dans la quatrième dimension car nous rentrons en tongs, Lilian en short, et nous n'avons pas nos passeports (ici il le faut pour tout et n'importe quoi, le meilleur moyen de le perdre donc...).
Malgré tout ça nous rentrons plus facilement que les Cubains qui sont habillés en tenue de soirée et nous avons même droit à une table réservée devant la scène ! Nous qui nous attendions à un spectacle assez ringard comme c'est souvent le cas dans les cabarets, nous avons été très surpris. Les danseuses sont de vraies danseuses (au bonheur de Lilian qui avait certaines appréhensions...^^) et tous sont vraiment doués. Chacha, rumba, salsa, nous avons droit à toutes sortes de danses qu'on ne connaît pas avec musique en live et plumes. Le spectacle dure environ 1h et nous regrettons de ne pas avoir filmé tout ça. La soirée se termine avec de la musique et un petit moment de danse avant de rentrer dormir. Première vraie sortie à Cuba et surement pas la dernière. De toute façon ici il y a toujours un spectacle ou un groupe qui joue quelque part.
Le lendemain c'est une autre aventure qui nous attend car nous voulons aller à Rancho Luna, une plage qui se trouve à quelques kilomètres. Mais nous voulons y aller en bus local ! Arrivés au terminal de bus, on sent déjà que ça va être une galère pas possible. Il y a 3 guichets pour les tickets et chacun nous envoie au suivant. Finalement on nous refuse l'accès au bus pour Trinidad car si nous ne sommes pas étudiants, nous n'avons pas le droit. Mais pour aller à Rancho luna, c'est un bus normal et nous arrivons à obtenir un ticket. Reste à comprendre le fonctionnement. Car il y a des portes, des destinations écrites devant, mais nous nous retrouvons devant une porte où sont écrites des destinations inconnues. Et là un homme commence à appeler des numéros de 2 chiffres. Nous en avons 5 écrits sur notre ticket, cela rend les choses compliquées... Finalement avec un peu d'aide on arrive à passer jusqu'au bus et tout le monde court pour être assis. On comprend vite pourquoi. Le bus est rempli jusqu'à ne plus pouvoir respirer. Mais nous payons chacun 1 peso. C'est-à-dire 1/25e de dollar ! 30 minutes collés à des Cubains plus tard, nous arrivons enfin à la plage et quel bonheur. Des parasols (gratos !) et peu de gens sur la plage. On profite à fond de cette journée avant le retour en bus qui est moins bondé. C'est déjà notre dernier jour à Cienfuegos et Dianelis nous sert notre premier repas de casa particular... Et quel délice ! Nous pensions que les repas de casa coûtaient plus cher que les restaurants mais on comprend pourquoi. La nourriture est abondante et on nous sert pour 4 personnes. Cuisine maison et vraiment succulente, on a ensuite pris l'habitude de manger au moins une fois dans chaque casa. Pour l'instant c'est Dianelis qui détient la palme ! Son petit déjeuner était encore plus délicieux ! Notre dernière soirée n'a été que discussion avec nos deux hôtes dont le mari qui a beaucoup à nous dire sur le système cubain. Mais il parle très vite et vraiment avec un accent particulier. Nous comprenons 1 mot sur 5 ce qui rend la discussion assez compliquée et on hoche beaucoup la tête sans vraiment tout comprendre. La discussion s'achève et on se retrouve le lendemain pour dire au revoir. Un taxi nous récupère car nous avons pris l'habitude d'utiliser ce système beaucoup plus intéressant. Cette fois-ci c'est un peu moins simple car nous devons attendre (on nous l'avait pas précisé la veille) que d'autres personnes se rendent aussi à Trinidad. Au bout d'une heure c'est Lilian qui joue les rabatteurs et qui trouve deux Allemands pour nous accompagner. On quitte la vieille voiture cubaine qui devait nous emmener pour un minibus direction Trinidad....
2 mars : Une rencontre inoubliable, une mauvaise journée et une soirée particulière...
Nous avons réussi avec un peu plus de mal à trouver un taxi pour Santa Clara mais cela devient un peu plus compliqué dans cette partie du pays où les chauffeurs préfèrent se rendre à la Havane où ils trouveront plus de clients pour revenir. Nous sommes arrivés chez l'amie de notre hôtesse précédente qui avait réservé pour nous. Mais finalement les voyageurs précédents ayant décidé de rester une nuit de plus, nous avons été envoyé chez quelqu'un d'autre. Julio Cesar un jeune homme qui nous dévoile une chambre plus luxueuse qu'on a l'habitude de voir. On ne sait pas pourquoi il s'obstine à nous parler en anglais. Il vit dans la même maison que sa mère, qui vit au rez-de-chaussée, et lui à l'étage dans une chambre avec sa femme et son fils. C'est une famille avec une histoire très particulière que l'on va découvrir... En parlant un peu avec la maman, on a appris qu'elle n'était pas la bienvenue à l'étage où vit son fils et qu'elle ne pouvait voir que rarement son petit-fils. Son fils ayant pris le parti de sa femme plutôt que de sa mère, nous nous retrouvons au milieu de tout ça. Et quand Dalida la maman, nous demande de descendre en cachette le soir même pour jouer aux dominos nous sommes plutôt amusés.
La journée n'a pas été une grande réussite, la pluie, la fabrique de cigares qu'on était venu voir, fermée 10 minutes avant notre arrivée, et rien à faire d'autre dans la ville que le musée de Che Guevara.... Nous pensons même à partir dès le lendemain. Mais finalement nous restons et le soir nous en apprenons plus sur cette maman rejetée. À 70 ans, elle vient tout juste d'être éconduit par son mari depuis 34 ans, qui est parti avec une plus jeune qu'elle. Son fils ayant pris le parti de tout le monde sauf elle, elle a l'air de se sentir bien seule. Mais elle est quand même pleine de vie et nous avons plaisir à passer la soirée avec elle.
Le lendemain, nous nous levons tranquillement et partons pour le musée du Che. De toute façon nous n'avons que ça à faire. Le musée est intéressant, des photos del comandante durant toute sa vie, une grande statue à son effigie et même son mausolée est placé ici ainsi que tous les soldats ayant combattu à ses côtés. On repart pour la ville où nous attend une après-midi à ne rien faire. On se pose donc sur un banc au milieu de la feria des livres qui se tient sur la place principale. Assez vite un homme vient nous parler, il s'appelle Enrico et a à peu près notre âge ou un peu plus. Il nous pose tout un tas de questions mais il est très cultivé et on l'écoute plus que l'on ne parle. On continue la discussion dans un bar à vins où l'on sert des verres de vin très fruité. Quand Enrico nous dit qu'il vaut mieux qu'il paye pour nous avec nos pesos, on commence à se méfier chacun de notre côté. Il pense que si l'on paye nous-même, le prix sera en Cuc et plus cher. Nous le laissons faire et lui donnons quelques pesos pour payer la tournée suivante car il a payé la première. Il propose ensuite qu'on continue la soirée ensemble mais on préfère se retrouver un peu plus tard. Il demande à Lilian de revenir avec quelque chose pour le froid qui s'annonce pendant la soirée car lui ne rentre pas chez lui. Nous nous séparons et de là commence une sorte de paranoïa. On se demande tous les deux s'il nous a dit le vrai prix pour les verres de vin, s'il ne s'est pas mis des pesos dans la poche en payant à notre place.... Bref on se méfie quand même et on hésite même à le retrouver plus tard. D'autant plus qu'on avait promis à notre mamie Dalida une partie de dominos. Quand nous la retrouvons, nous lui proposons en riant de sortir avec nous ce soir. Ce qu'elle prend au pied de la lettre et quelques minutes plus tard elle vient nous trouver et nous dit "je me suis habillé je suis prête à venir avec vous". Le lieu où nous allons n'étant pas du tout adapté à une personne de son âge nous ne pouvons que l'emmener avec nous manger. Seulement nous avions prévu de manger une pizza à la cafétéria du coin. Ce qui ne la dérange pas du tout, elle est tellement contente de sortir un peu qu'elle vient sans rechigner. À l'heure de partir, nous rencontrons un homme qui en connaît beaucoup sur l'histoire de France et qui parle plus à Lilian qu'à Alicia qui ne sait rien sur l'histoire de son pays. Ou de n'importe quel pays d'ailleurs... Plus tard, Dalida nous a appris que cet homme était en réalité son ex-mari, qui l'a quitté 6 mois plus tôt et qui vient dormir chez elle... Quand on vous disait que cette famille est particulière ! Le lendemain c'est même son premier mari qui vient boire un café !
Nous finissons notre repas rapidement et on écoute Dalida nous dire qu'elle se sent bien seule et a besoin d'amour. Quand elle nous dit qu'elle se sent bien avec nous et qu'elle est contente que l'on soit là nous sommes très touchés. Mais nous devons rentrer et malgré cette courte sortie, elle n'a pas l'air si déçue. Nous avons même le temps de faire une partie de dominos avant de sortir. Nous partons ensuite rejoindre Enrico et toujours dans le doute, nous l'observons parler à d'autres touristes sur la place. De vrais espions ! Finalement nous décidons de le rejoindre car il n'a pas l'air si méchant. Et Lilian lui prête même un pull qu'il n'est pas sûr de revoir un jour. Et nous avons sûrement bien fait car la soirée qui a suivi restera dans nos têtes à jamais !
Nous partons pour le club le "Mejunje" qui d'après lui est le meilleur endroit pour faire la fête et il y a des shows de drag queen qui sont parmi les meilleurs de Cuba. Lilian ne se réjouit pas de ce dernier détail mais suit quand même. Nous rencontrons quelques amis à Enrico ce qui nous met un peu plus en confiance car ils sont plutôt sympas et très portés sur le hard rock, punk. Quand nous partons pour le club, ils suivent mais ne sont pas très partants pour rester. Nous avons vite compris pourquoi. Nous ne voyons pas tout de suite que le club est en fait rempli d'homosexuels et surtout de filles qui ne sont pas vraiment des filles... Lilian n'est pas totalement à l'aise mais Alicia trouve cette expérience vraiment cool ! On comprend ensuite qu'Enrico aime autant les filles, que les garçons. On comprend mieux pourquoi il vient ici ! En voyant que personne ne vient l'embêter, Lilian se sent ensuite plus à l'aise et on commence à danser. Enrico augmente encore nos doutes quand encore une fois il prend notre argent pour aller acheter une bouteille de rhum à partager. On ne sait pas combien coûte la bouteille mais il insiste pour que Lilian n'y aille pas lui-même. Pour 3 euros la bouteille on se dit que même s'il profite de nous, ce n'est pas si grave ! Finalement la musique est vraiment cool et on passe une bonne soirée. Tout au long de la soirée Enrico reconnaît des personnes connues de Cuba, dont un champion d'open fight complètement transformée en femme, un critique de cinéma, un top modèle de série télé adulé par toutes les jeunes filles, lui aussi devenu fille pour la soirée ! Quand nous rentrons de cette folle nuit, Enrico nous demande un peu d'argent pour finir la soirée mais cette fois-ci nous trouvons un moyen de dire non car demain, nous sommes presque sûrs de ne pas le revoir comme il le prétend. Et nous avions raison. Lilian a donc perdu un pull mais il avait déjà fait une croix dessus heureusement. Nous sommes déçus le lendemain qu'il ne soit pas au rendez-vous et cela confirme nos doutes. Nous espérons nous tromper sur son compte car un homme qui reste toute la journée avec nous ne peut pas être si vicieux. Nous préférons retenir la soirée passée car nous l'avons vraiment apprécié. Nous partons en bus Viazul (seulement pour les touristes) et on se rend bien compte que l'on paye beaucoup plus cher que les Cubains, pour des bus de qualité vraiment discutable. Mais c'est le seul moyen de se rendre à Camagüey pour une journée....
4 mars : Petit détour par Camaguey, la ville labyrinthe...
Il nous est devenu presque impossible de trouver des taxis qui vont d'une ville à l'autre car dans cette partie du pays, les touristes ont déserté. Donc après 4h de bus "de touristes", nous arrivons en soirée à Camaguey et quelqu'un est venu nous chercher. La dame qui devait venir elle-même nous a envoyé un bici-taxi et du coup on se retrouve un peu devant le fait accompli et on paye beaucoup trop cher. Enfin nous arrivons dans une maison au haut plafond et dans une chambre immense avec salle de bain qui nous coutera 25 CUC (dollars) avec le petit déjeuner. Nous devenons très bons pour négocier même en saison haute ! Nous sommes accueillis par la fille de notre hôtesse et celle-ci nous concocte un repas délicieux qu'on mange jusqu'à en avoir mal au ventre. On découvre un peu la ville en soirée et c'est assez tranquille, peu de gens sont dans la rue et le centre est tout proche. C'est une ville où l'on peut voir tout un tas de photos de cinéma (même de films français) mais aucune idée du pourquoi car personne n'arrive à nous répondre. C'est juste un style.
Le lendemain nous nous levons tôt car nous n'avons qu'une journée pour visiter cette ville qui a l'air plutôt grande. La balade commence et sans vraiment savoir où l'on va on se perd un peu dans cette ville connue pour ses rues "labyrinthe". En effet, cette ville a été construite ainsi pour désorienter les pirates qui s'y attaquaient et protéger les habitants. On a la surprise également de découvrir un centre vraiment très chic et de grands hôtels alors qu'on pensait être les seuls touristes à s'attarder ici. Durant cette journée, nous rencontrons un homme, taxi, à qui nous disons que "non nous ne paierons pas un taxi car nous préférerons prendre un bici-taxi qui coûte seulement 5 pesos". De là il s'énerve et nous demande ce que d'après nous, 5 pesos peuvent payer ici. Dommage pour lui nous avons tout un tas de réponses à lui donner car contrairement à ce qu'il croit, nous vivons à la cubaine autant que possible et on commence à connaître les prix. Voyant qu'on ne se laisse pas faire, il nous lâche que "les putains de touristes" comme nous, pensons pouvoir profiter des Cubains (car le bici-taxi ne va pas se fatiguer pour 5 pesos) et que nous sommes pour lui, riche quand nous venons dans son pays. Nous aurions pu discuter pendant des heures à lui expliquer tout un tas de choses, dont le fait que nous ne sommes pas des touristes comme les autres mais le tourisme de masse et les monnaies différentes ont surement fait beaucoup de mal à ces personnes qui pensent tout savoir. Juste après nous avoir insulté de "putains de touristes" notre conversation a d'ailleurs été coupée par l'arrivée justement de touristes qui lui ont vite fait reprendre ses habitudes de taxi. Voir des gens travailler pour les touristes pour gagner beaucoup plus que d'autres qui ensuite nous traitent de profiteurs, c'est accablant. Nous n'avons donc pas pu finir cette conversation qui semblait très intéressante et où nos arguments auraient pu le faire réfléchir mais bon, nous continuons notre chemin. Nous tombons ensuite sur une place, où pour la première fois nous avons affaire à un groupe organisé qui fait la manche auprès des touristes. La plupart sont sourd muets et dès qu'un groupe arrive, demande savons, argent où je ne sais quoi d'autre. Nous observons ce stratagème pendant quelques minutes avant d'aller manger. Après un repas dans un restaurant très classe et donc pas cher (c'est comme ça à Cuba), nous continuons la visite. Nous cherchons le parc urbain et finalement rien ne vaut vraiment le coup de s'y attarder. Au passage on observe un peu le cours d'eau qui passe et où sont rejetés pas mal de liquide noir d'on ne sait d'où. En regardant de plus près on aperçoit même des poissons (on ne sait pas trop !) très bizarres qui remontent à la surface et on se dit qu'on n'aimerait vraiment pas tomber un jour là-dedans. Voilà bientôt la fin de l'après-midi et en rentrant chez nous, on tombe sur Émilio qui a un bici-taxi. Comme d'habitude nous déclinons l'invitation à faire un tour de la ville car c'est justement ce que l'on vient de faire. Mais Émilio ne lâche pas le morceau comme ça et après 10 minutes d'arguments, nous montons plus avec lui pour lui faire cadeau de quelques CuC et l'aider que pour visiter. Cette position de touriste avec son appareil photo et son chauffeur de vélo nous met très mal à l'aise. Et Alicia n'aime pas vraiment se retrouver derrière un homme qui pédale comme un fou sous la chaleur pour la transporter. Nous découvrons finalement des lieux inconnus, pas toujours intéressants mais on le garde pour nous. Mais c'est un homme très sympathique et nous lui demandons même de revenir le lendemain pour nous emmener au terminal de bus. Le soir nous avons "l'agréable" surprise de découvrir des Israéliens plutôt âgés (qui ont d'ailleurs pris Lilian pour un des leurs) avec de très jeunes cubaines... Un des couples dort justement dans la même casa que nous et tous les 4 mangent avec nous, chouette ! Nous restons tout de même courtois car ce ne sont pas vraiment nos affaires. Pas d'endroits intéressants pour boire un coup, nous allons donc dormir car le lendemain est une longue journée pour se rendre à Moron.
Après hésitation le lendemain, nous nous rendons au terminal de train et de camions. Nous n'avons pas le droit de prendre les bus cubains mais les camions si, et c'est là toute une aventure ! Nous avons de la chance car un camion est sur le point de partir pour Ciego de Avila quand nous arrivons. Deux bancs de chaque côté, une chaleur étouffante et même une poule dans le sac du mec de derrière et nous voilà partis pour 2h30 de trajet. On se demande d'ailleurs si ça valait le coup d'économiser quelques CUC, mais on se dit avec le recul que oui surement. Le trajet n'est pas si difficile et après quelques 30 minutes les gens ont arrêté de nous fixer. Deux blancs dans un bus, ça ne doit pas arriver souvent ! Mais à 1€50 pour 2, c'est plutôt économique. À Ciego il nous faut encore prendre un bus ou un camion pour Moron et un jeune Cubain rencontré justement dans le camion précédent essaye de nous aider sans vraiment nous expliquer le fonctionnement. Il nous donne donc un numéro sur un papier chacun et nous laisse là. Il y a deux bus prêts à partir mais tout le monde se presse sur les portes et attend justement qu'on appelle leur numéro, enfin c'est ce qu'on en déduit. On sait qu'on ne rentrera jamais et finalement on trouve un autre camion. Nous voilà enfin à Moron pour la soirée et demain nous partons pour la Cayo Guillermo la petite folie du voyage....
10 mars : Un anniversaire à Cuba et une virée jusqu'au bout de l'île à Santiago de Cuba...
Comme l'anniversaire d'Alicia était le 5 mars, Lilian avait préparé un beau cadeau. Pas digne de nous car les hôtels tout inclus avec piscine ce n'est pas vraiment notre quotidien et surtout dans un si beau pays comme Cuba. Mais cela n'a duré que 3 jours, boissons et nourriture à volonté, la mer d'un bleu magnifique... Rien de bien marquant à part la rencontre avec une Québécoise déjantée, le concours de danse de Lilian avec une jeune danseuse cubaine qu'il a bien failli gagner avec son déhanché digne d'un Cubain et ces quelques jours de repos qui nous ont fait grand bien. Mais même ici, nous ne parlons qu'aux employés cubains et non pas aux autres touristes qu'on ira voir dans leurs pays respectifs ! C'est en tout cas la première fois qu'on se retrouve avec autant de francophones car dans cet hôtel tous sont québécois.
Passons donc cet épisode et revenons-en à la vraie Cuba. Même chose dans l'autre sens, nous redescendons jusqu'à Ciego de Avila pour ensuite continuer jusqu'à Las Tunas où nous arrivons à 21h sans aucun logement. On se retrouve ici seulement pour la nuit car le lendemain nous prévoyons d'aller à Gibara, ville de bord de mer où les touristes n'affluent pas. C'était sans compter sur les transports cubains. La ville de Las Tunas n'a rien de vraiment intéressant mais le samedi, la ville se réveille et on peut même assister à un rodeo en journée. Nous sommes arrivés un jour trop tard mais le samedi soir est aussi très animé. Des centaines de gens sont dehors et on se demande même d'où tous ces gens peuvent bien sortir. On se s'attarde pas trop car le lendemain le seul bus est à 7h et nous n'avons qu'une heure de trajet (merci Viazul) pour arriver à Holguín et rejoindre Gibara. En arrivant, on nous annonce un prix de taxi trop élevé pour faire quelques minutes de trajet et les camions étant beaucoup plus loin (donc besoin d'un taxi) nous réfléchissons pendant que notre bus fait sa pause. Nous avions longtemps hésité à aller jusqu'à Santiago de Cuba qui est à l'Est de l'île car nous voulions surtout aller jusqu'à Baracoa. Seulement Baracoa c'est 5h de bus après Santiago (à déjà à 5h de bus), souvent pleins car trop rares. Nous qui voulions aller à Viñales (à 4h de la Havane à l'ouest), cela nous faisait vraiment beaucoup de bus en très peu de temps et nous n'en avions pas la motivation. Donc après réflexion, nous remontons dans le bus pour encore 4h de bus et nous sommes bien contents car nous allons pouvoir dormir.
Nous voilà donc à Santiago, ville immense, deuxième ville du pays et très différente de ce qu'on a l'habitude de voir. Nous trouvons une casa très rapidement et en se baladant nous découvrons une ville sans grand intérêt. Nous sommes dimanche et c'est assez tranquille mais le lendemain la circulation est très dense, les restaurants vraiment rares et on passe plus de temps assis à boire un verre qu'à se promener. C'est l'occasion d'avoir un spectacle personnel de deux joueurs de guitare qui disent être allés un jour en Normandie pour des spectacles. On a même droit à une chanson en français. Finalement nous leur donnons peu d'argent mais il décide quand même de rester avec nous pendant un long moment. Santiago étant la ville reconnue pour ses spectacles nocturnes, nous étions un peu venus pour ça. Mais quelle déception de voir les prix affichés pour les touristes. Pour des groupes de musique qu'on entend en plus de la rue. Nous sommes vraiment déçus mais vraiment pas prêts à payer si cher pour des groupes qu'on ne connaît même pas. Nous nous promenons donc dans les rues à la recherche de groupes de rues et nous ne mettons pas longtemps à en trouver. Toute la ville est dehors et la musique ne manque pas. Le passage à Santiago n'est donc pas vraiment une réussite mais Baracoa est notre plus grand regret. Nous avons prix un bus de nuit jusqu'à la Havane mais la nuit fut courte. Et nous enchainons directement par Vinales qui annonce encore des aventures palpitantes....
17 mars : Une aventure à Viñales en vélo, et Matanzas où l'on regarde le temps passer...
On y est presque, la fin du voyage approche à grands pas et il ne nous reste que quelques jours pour visiter Viñales, village au milieu de la nature où l'on cultive le tabac.
Après notre nuit de bus, nous n'avions qu'une envie, arriver très vite à Viñales. Malheureusement c'était sans compter sur les bus Viazul et ses gentilles dames du guichet qui méritent une bonne remise en place ! Aucune organisation et nous nous retrouvons après 2h d'attente, en attente d'une place dans le bus qui est plein... Tout le monde a réservé son billet sur internet et s'il reste de la place, nous pourrons avoir une chance. Il serait long et compliqué d'expliquer ce qui a suivi. Mais Alicia part très énervée par cette dame du guichet qui se fout clairement de la gueule des gens pour être polis ! Nous réussissons heureusement à rentrer dans ce bus et 4h après, nous arrivons à Viñales où des dizaines de personnes nous attendent avec des pancartes. Dans ce petit village presque toutes les maisons reçoivent des touristes. Chacun agrippe qui il peut et Alicia est prise à part par une jeune fille tandis que Lilian parle avec une autre. C'est bien la première fois qu'on est attendu à ce point et les prix dans cette ville (enfin ce village) défient toute concurrence ! Nous avons une petite maison dans le jardin et la famille est vraiment géniale comme d'habitude. Surtout la mamie et ses verres triple foyer !
À Pinar del Rio (à 30 min de route et après une panne de taxi, et oui ça devait arriver !) nous avons enfin trouvé les cigares que l'on cherchait. Ils ne sont pas trop chers et dans de petits étuis ce qui nous permettra de faire des cadeaux. Nous devons encore refuser des boîtes vendues par un homme très têtu, qui se trouve devant la fabrique de cigares qu'on était venu voir. Une fabrique où tous les bus de touristes s'arrêtent et où nous ne pourrons même pas bouger si nous rentrons. Nous laissons tomber et rentrons de Pinar del rio mais le taxi collectif est bien loin par rapport au centre de la ville. Nous le trouvons enfin et montons à 8 dans une voiture gigantesque.
Le lendemain nous décidons de louer un vélo. Nous avons d'abord l'idée de les prendre au loueur du coin mais notre hôtesse nous propose les vélos d'un de ses amis. Mais chez les Cubains, "les amis" ne font pas du tout de meilleur prix. C'est un problème car nous nous retrouvons devant le fait accompli. Mais nous ne lâchons pas le morceau et nous aurons le vélo au même prix que le loueur juste à côté. Sinon quel intérêt ! Nous ne pensions pas que cette après-midi de vélo serait une telle galère ! Cela aurait dû nous mettre la puce à l'oreille quand dès le départ quelques gouttes de pluie ont commencé à tomber. Malgré cela nous avons continué jusqu'aux grottes qui se trouvaient à environ 45 min de route. Là une pluie torrentielle a commencé à s'abattre et nous avons été obligés de nous abriter. Pendant 2h nous avons attendu là, à regarder la pluie en pensant qu'elle allait se calmer. Mais finalement il a bien fallu affronter cette tempête et nous sommes repartis difficilement.
Alicia qui ne voyait rien à cause de la pluie et la vitesse, entendant des voitures arriver derrière elle, et à cause de la route en très mauvais état, n'a pas pu éviter la chute. Le guidon s'est retourné, et Alicia a fini sur la route après une glissade sur 1 mètre, la voiture qui arrivait a juste eu le temps de l'éviter. Lilian qui était devant n'a même pas vu ce qui s'était passé mais a été prévenu par une des voitures. Cependant sur 3 voitures (de touristes !), aucune n'a pris la peine de s'arrêter. Quelle honte !
Alicia a fini par se relever après le choc, Lilian est arrivé et tous les deux sous la pluie, avec un vélo qui a déraillé et les pieds dans la boue et l'eau, nous ne savions plus quoi faire. Nous avons donc décidé de rejoindre la première maison pour s'abriter. Elle paraissait vide mais nous y avons rencontré une mère et ses deux enfants. Nous avons même eu l'impression qu'elle nous attendait ! Des serviettes, des vêtements à elle, à manger et à boire, cette femme qui n'avait rien nous a tout offert sur un plateau. Quand on pense aux touristes qui ne se sont même pas arrêtés en voiture, cela fait une sacrée différence de savoir-vivre ! C'est une rencontre extraordinaire que l'on a fait cette après-midi-là mais malgré l'insistance de cette dame pour que l'on reste, nous avons dû rentrer, encore sous la pluie et le guidon de Lilian qui s'est desserré ! Nous sommes arrivés trempés à la maison et avons raconté à notre hôtesse l'aventure que nous venions de vivre ! Nos affaires étaient mouillées et même nos billets avaient l'air d'avoir été trempés dans l'eau. Nous avons tout fait sécher avant d'aller se détendre dans un petit bar proposant des groupes de musique en live.
Une bonne nuit de sommeil pour nous remettre de nos émotions et il est déjà temps de partir. Une place dans le bus a été difficile à avoir même avec plusieurs jours d'avance mais nous avons réussi. Et nous partons depuis la Havane à Matanzas après encore une altercation avec la dame du guichet qui n'a toujours pas appris l'organisation !
À Matanzas, nous avons eu la surprise de découvrir Élio qui nous attendait. La dame qui devait nous accueillir n'a finalement pas de place, nous nous retrouvons donc loin du centre, chez Élio et Francis sa femme, qui nous loue un petit appartement avec tout ce qu'il faut même la télé ! Il n'y a rien d'intéressant à faire dans cette ville et en plus tout ce que nous avions prévu tombe à l'eau à cause des bus qui ne passent pas pour nous emmener à la plage. Mais au moins nous avons enfin pu assister à un match de baseball ! Lilian désespérait de pouvoir y assister mais à 1 peso l'entrée (donc environ 2 centimes...) c'est un plaisir d'être présent pour le match Matanzas/La Havane qui est en plus un très bon match de fin de championnat.
L'ambiance est survoltée et nous sommes bien sûr aujourd'hui, pour Matanzas. Le match est très animé mais nous ne restons pas pendant les 4h. Seulement 2h qui sont déjà suffisantes car les cris et les cornes de brume commencent à nous faire mal à la tête. Nous ne voyons aucun bus pour rentrer ce qui nous inquiète un peu mais finalement nous arrivons à la maison. Heureusement que Cuba n'est pas dangereux c'est tout ce qu'on se dit ! Le lendemain, nous n'avons rien à faire et nous parlons beaucoup avec Elio et Francis, qui nous offre même le repas du soir. Quand nous leur parlons d'Internet et de ses possibilités ils sont complètement subjugués. Ce sont des personnes extraordinaires également et nous sommes un peu tristes de les quitter mais il le faut. Dans quelques jours nous rentrons chez nous. Mais avant nous avons encore quelques jours à la Havane...